La recherche en histoire urbaine a connu un développement considérable depuis deux décennies. Outre la multiplication des monographies, ceci s'est traduit par une mutation des thématiques passant de l'appréhension spatiale (urbanisme, ségrégation) à des problématiques culturelles (loisirs, sociabilités') ou patrimoniales. Ainsi, plus que jamais les spécialistes voient la ville comme un espace où se déploient et se croisent de riches réseaux sociaux, où s'élaborent des sociabilités complexes et s'inventent des pratiques socio-culturelles transversales. Lieux de fortes densités relationnelles, les villes africaines ont, au XIXe et au XXe siècles, constitué le laboratoire d'imaginaires multiples et de créativités foisonnantes. Si l'ère coloniale n'a pas toujours provoqué une rupture totale avec des traditions urbaines parfois anciennes, elle a créé des situations sociales nouvelles faites de contraintes et de domination mais générant parfois aussi des conditions propres à l'élaboration des modernités africaines. On pourra à ce titre tenter de définir de manière précise la notion de cultures urbaines en la resituant dans l'historiographie récente. Cet atelier sera aussi sensible à une reconsidération des dimensions matérielles de l'expérience urbaine en Afrique. Le bâti, plus qu'un simple support ou décor, participe en effet pleinement à l'identité des citadins.