Trop souvent, les « études africaines » laissent de côté un paradigme crucial, le panafricanisme, dans leurs approches historique, politique, anthropologique et culturelle des sociétés africaines. Près de trois cents ans d'échanges et de revendications panafricaines ont pourtant contribué de façon décisive à la formation des idéologies politiques qui ont traversé les sociétés africaines, à l'évolution des pratiques culturelles locales, à l'écriture scientifique de l'histoire du continent et, plus largement aux sensibilités particulières des mondes noirs africain et extra-africain. Parler aujourd'hui de panafricanisme, c'est décider de prendre en compte ces échanges, matériels et immatériels, qui continuent de circuler dans le continent et entre le continent et le monde, c'est choisir de considérer la profondeur du champ historique dans lequel ils s'inscrivent et la multiplicité de leurs expressions. Les ouvrages en français qui étudient les formations et les circulations du panafricanisme se comptent sur une seule main. Cette pénurie est l'illustration la plus frappante de la méconnaissance du sujet au sein de la communauté scientifique francophone. La complexité des définitions du panafricanisme (classique, historique, politique, intellectuel, institutionnel, culturel, rituel etc.) est pourtant la preuve d'une grande richesse, qui, une fois considérée attentivement pourrait contribuer à donner un nouveau souffle aux études africaines en France. Sans prétention d'exhaustivité mais avec un souci de rigueur, une nécessaire interdisciplinarité et, surtout, la mise en commun des ressources liées à différentes aires culturelles, cet atelier thématique essaiera de démontrer que les questions posées par l'étude du panafricanisme restent d'une extrême actualité, qu'elles peuvent transformer le regard que les chercheurs posent sur le continent et, peut-être, contribuer à donner un nouveau souffle aux études africaines en France.