Cahiers d'études africaines

L’apparition de revendications mémorielles conflictuelles dans l’espace public constitue un phénomène frappant en Afrique postcoloniale. Historiens, anthropologues, sociologues et politologues explorent la dimension politique des usages de la mémoire.
Si le passé colonial est tout particulièrement le sujet de ces controverses, comme en témoignent les débats qui se déploient en Afrique du Sud, au Kenya, ou encore en Namibie, toutes les périodes de l’histoire des pays africains sont sujettes à des réappropriations destinées à légitimer les intérêts défendus. Les contributions appréhendent les opérations mémorielles comme des rapports de pouvoir qui concentrent des enjeux multiples. Si elles témoignent de l’hétérogénéité des contextes et des mécanismes mémoriels aussi bien que de la pluralité de ses acteurs et des enjeux visés, leur lecture croisée révèle des constantes dans les processus d’invention, de transmission et d’usages mémoriels. Deux grands axes traversent ce volume : les complexes articulations entre mémoires collectives et mémoires officielles ; la contribution du travail de la mémoire à la formation des subjectivités morales et politiques.
Le volume souligne la complémentarité entre oppression et valorisation mémorielle.