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Appels à contributions

L’impact du monde atlantique sur les « anciens mondes » africain et européen du XVe au XIXe siècle

Samedi 31 octobre 2009

RÉSUMÉ

Désireux de vérifier la pertinence du paradigme atlantique grâce à un nouvel angle d’attaque, le colloque prend le parti de renverser les perspectives en se centrant sur l’analyse des transformations des mondes africains et européens à cause de leur profonde insertion dans des dynamiques transatlantiques. Alors que la nouvelle histoire atlantique a surtout été investie par des historiens américanistes, la réflexion proposée se veut un appel aux historiens africanistes et européanistes à mobiliser leur expertise pour enrichir un débat largement ouvert en lui assignant une direction peu usitée et en rassemblant ainsi toute la communauté historienne concernée par l’histoire atlantique. L’objectif du colloque est donc d’impulser une nouvelle discussion sur l’intérêt de la perspective atlantique pour l’histoire européenne et africaine.

ANNONCE

Colloque international, Université de Nantes, 7-8-9 juin 2010

Organisation :

  • CRHIA – Université de Nantes, Guy Saupin,
  • CENA – EHESS Paris, Cécile Vidal,

avec le soutien du GIS Histoire maritime France, directeur : Gérard Le Bouëdec

Comité scientifique :

  • Coquery Natacha, PR Université de Nantes
  • De Almeida Mendes, Antonio, MC Université de Nantes
  • Le Bouëdec Gérard, PR Université de Bretagne Sud (Lorient)
  • Marzagalli, Silvia, PR Université de Nice
  • Péret Jacques, PR Université de Poitiers
  • Ruggiu François-Joseph, PR Université de Paris IV-Sorbonne
  • Saupin Guy, PR Université de Nantes
  • Thibaud Clément, MC Université de Nantes
  • Turgeon Laurier, PR Université Laval, Québec
  • Vidal Cécile, MC EHESS Paris

Perspectives du colloque :

Loin d’être clos le monde atlantique, formé entre le XVe et le XIXe siècle, entretenait des relations étroites avec la Méditerranée, l’océan Indien et le Pacifique. Sa spécificité résidait toutefois dans la conjonction de trois grands phénomènes historiques dont les effets croisés ne se retrouvent nulle part ailleurs : la colonisation européenne, la traite négrière, l’esclavage racialisé. Cette symbiose a donné lieu la naissance de sociétés totalement inédites dans les Amériques, différentes des sociétés originelles, européennes, africaines et amérindiennes. Elle a également produit en retour des modifications plus ou moins profondes des « Anciens Mondes » d’où sont partis massivement les populations ayant le plus transformé le « Nouveau Monde ».

Si la nouvelle histoire atlantique a été accueillie avec enthousiasme, elle a également suscité de vives discussions. Parmi les nombreuses critiques formulées à son encontre subsiste le risque que le nouveau courant historiographique ne soit, selon Alison Games, qu’« une histoire élargie des Amériques coloniales ». Désireux de vérifier la pertinence du paradigme atlantique grâce à un nouvel angle d’attaque, le colloque a donc pris le parti de renverser les perspectives en se centrant sur l’analyse des transformations des mondes africains et européens à cause de leur profonde insertion dans des dynamiques transatlantiques. Alors que la nouvelle histoire atlantique a surtout été investie par des historiens américanistes, même si un déséquilibre au profit de l’Amérique du Nord est flagrant, la réflexion proposée se veut un appel aux historiens africanistes et européanistes à mobiliser leur expertise pour enrichir un débat largement ouvert en lui assignant une direction peu usitée et en rassemblant ainsi toute la communauté historienne concernée par l’histoire atlantique.

L’Afrique et l’Europe seront considérées ensemble. Ce sont en effet les migrations conjointes d’Africains et d’Européens qui donnèrent naissance au monde atlantique. L’histoire atlantique commence de surcroît avec les explorations portugaises le long des côtes atlantiques de l’Afrique à partir du début du XVe siècle. Ces voyages furent à l’origine de phénomènes de longue durée : le démarrage de la traite africaine atlantique d’abord en direction de l’Europe avant de basculer vers les Amériques, la mise en place du modèle de la grande plantation esclavagiste dans l’Atlantique euro-africain avant son transfert au « Nouveau Monde », la formation des premières sociétés créoles. Pour autant, l’Europe et l’Afrique n’étaient pas liées par la même relation impériale qui unissait l’Europe et les Amériques. La traite négrière se développa précisément en raison du maintien de la souveraineté des royaumes africains. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle que les Européens commencèrent à véritablement coloniser l’Afrique, alors que la traite négrière transatlantique était partout abolie. La comparaison de l’impact de la formation d’un monde atlantique sur l’Europe et sur l’Afrique sera ainsi au cœur des problématiques de ce colloque.

Quelles Europes et quelles Afriques furent concernées par ces transformations ? Aucune frontière n’est fixée a priori car il s’agit justement de préciser l’importance relative de l’impact du monde atlantique dans des espaces géographiques et des dimensions sociales à géométrie variable. La volonté d’inclure tous les acteurs sociaux implique néanmoins de s’intéresser aux individus et aux groupes de toute condition sociale et de toute origine ethnique. Une première série d’interrogations concernera le niveau d’implication des Africains et des Européens très divers qui furent saisis dans leur existence par la construction du monde atlantique. Le monde atlantique faisait-il partie de l’horizon mental des populations et des sociétés européennes et africaines ? Quels étaient ceux qui en avaient une connaissance, de quelle qualité était-elle, comment l’avaient-ils acquise ? Qui étaient les individus et les groupes ayant des intérêts impériaux et atlantiques ?

Dans la perspective d’interroger les transformations de l’Afrique et de l’Europe comme résultantes des interrelations nouées dans le monde atlantique, le colloque n’entend exclure aucun champ historique de la réflexion collective. Les analyses des mutations jugées significatives concernent aussi bien le politique et le militaire que l’économique et le social, le religieux et le culturel. Il sera évidemment impossible d’épuiser toutes ces pistes de recherche : l’objectif du colloque est seulement d’impulser une nouvelle discussion sur l’intérêt de la perspective atlantique pour l’histoire européenne et africaine.

Il n’est pas non plus question d’écarter a priori d’anciens débats, tels que l’impact démographique des migrations européennes et africaines sur les zones de départ, le rôle du commerce négrier et colonial dans le démarrage de la Révolution industrielle, les effets de la traite sur les économies africaines, ou encore les transformations des consommations en Europe et en Afrique, à condition de les reprendre à nouveaux frais, par le biais notamment de la comparaison entre les « Anciens Mondes ». Il serait cependant souhaitable d’envisager de nouvelles approches. En ce qui concerne, l’impact des échanges transatlantiques sur les économies européennes et africaines, plusieurs autres entrées sont ainsi possibles comme, par exemple, les conditions et les effets de la commercialisation d’un produit (européen ou américain en Afrique, africain ou américain en Europe), la complexité de la toile des circuits commerciaux à différentes échelles d’analyse, la contrebande sur les littoraux européens, les rivalités entre les États africains et entre puissances négrières sur les côtes africaines, la guerre non comme accident récurrent perturbant les échanges atlantique mais comme moyen de rééquilibrage des balances financières et commerciales des puissances coloniales, etc.

Quant aux effets socio-culturels, ils concernent notamment les migrations d’« Américains » de tout type en Europe et en Afrique (aussi bien les retours de migrants européens et la venue d’Amérindiens, d’esclaves et de libres de couleur en Europe que les projets de colonisation par d’anciens esclaves ou descendants d’esclaves en Afrique), la traite africaine vers l’Europe, l’établissement d’Européens et la formation de sociétés euro-africaines en Afrique. Il paraît aussi fort intéressant de considérer le « Nouveau Monde » comme un espace d’expérimentation sociale qui a servi de modèle pour repenser le travail et les rapports de classe, genre et race de l’autre côté de l’Atlantique. Par un jeu complexe d’aller-retour, les sociétés européennes et africaines ont été, en particulier, transformées par le développement d’idéologies raciales et par la racialisation des ordres politiques et sociaux qui ont accompagné la formation d’un monde atlantique.

Enfin, le colloque entend également réfléchir à la nature des relations politiques unissant l’Europe et l’Afrique au reste du monde atlantique. Il convient à cet effet de revisiter les concepts de domination, d’empire, de situation coloniale et d’envisager l’évolution dans le temps de ces formes et systèmes politiques avant, pendant et après l’ère des Révolutions. L’accent étant mis sur les « Anciens Mondes », une attention particulière devra être portée aux institutions impériales, aux lobbies coloniaux, aux débats relatifs aux colonies, à la traite et à l’esclavage, ainsi qu’aux mouvements abolitionnistes dans les métropoles. Pourront aussi être explorés le rôle de l’impérialisme dans le développement des États modernes en Europe et les transformations des États africains sous l’effet de leur insertion dans des dynamiques transatlantiques.

Organisation du colloque :

Le colloque est organisé à Nantes les 7, 8 et 9 juin 2010.

Le colloque prend à sa charge les frais de voyage et de séjour, mais demande une participation de 100 euros pour aider à l’organisation. Le paiement se fera après confirmation de la participation, entre le premier janvier et le 30 avril 2010, dernier délai.

Il est demandé aux personnes souhaitant présenter une communication à ce colloque d’envoyer un CV léger et un résumé de 2000 signes en français, en anglais ou en espagnol avant le 31 octobre 2009. La sélection sera faite par le conseil scientifique le 13 novembre 2009 et les réponses seront envoyées très rapidement.

Les articles d’une longueur maximale de 60000 signes ou 10000 mots (espaces, notes et bibliographie compris) pré-circuleront. À cet effet, ils devront être envoyés aux organisateurs avant le 30 avril 2010.

Durant le colloque, les articles seront résumés très rapidement afin de donner le plus de temps possible au débat qui sera initié par un commentateur. Les langues du colloque seront le français, l’anglais et l’espagnol.

Les résumés pour proposition et les textes des communications sont à envoyer par e-mail aux organisateurs :

  • Guy SAUPIN, CRHIA-Université de Nantes : guy.saupin@univ-nantes.fr
  • Cécile VIDAL, CENA-EHESS, Paris : cecile.vidal@ehess.fr
 

Dates

Samedi 31 octobre 2009