Séminaire organisé par Anne Hugon, Dominique Juhé-Beaulaton, Henri Médard (Centre d'études des mondes africains - CEMAf)
Pourquoi un séminaire d’histoire sociale de l’Afrique ?
Pour combattre des clichés éculés mais toujours véhiculés… jusqu’au sommet de l’Etat : « Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. » Nicolas Sarkozy, Dakar, 26/07/2007.
Par histoire sociale, nous entendons l’étude des dynamiques qui conditionnent les relations à l’environnement au sens large (naturel, économique, social, juridique et politique) dans des contextes locaux, nationaux et internationaux. Seront abordés des thèmes différents mais en réalité indissociables : en particulier les changements de modes d’exploitation et de gestion des milieux, l’organisation du travail, les structures et hiérarchies sociales, les constructions identitaires, les systèmes de pensées et de croyances, les processus de gestion des corps, articulations des relations entre corps individuel et corps social, entre intime et collectif. Cette thématique certes large, sera abordée selon des angles d’approches privilégiés : l’accent sera mis sur l’histoire des groupes sociaux, de leur fluidité, de leurs relations (de pouvoir, de travail, aussi bien que rapports de genre ou de génération, rapports de production, relations de dépendance ou de domination, modes de négociation, etc.). . Cette approche globale, qui ignore délibérément le clivage classique entre histoire sociale et histoire culturelle, intègrera une histoire des techniques, des pratiques et des savoirs qui sont encore trop souvent dissociés et étudiés pour eux-mêmes.
Ce séminaire d’histoire fait appel à une approche pluridisciplinaire, associant sciences sociales et sciences de la nature, afin de mieux comprendre les transformations sociales face aux changements des environnements, passés et en cours. Il s’agira d’étudier les recompositions humaines et les ré-organisations spatiales et institutionnelles dans des contextes écologiques, politiques, économiques et sociaux en mutation permanente.
Cette année, les séances s’articuleront autour de l’idée de transgression, au sens large du terme : de la violation délibérée des lois, règles, interdits et obligations morales ou sociales aux stratégies d’évitement des normes et habitudes établies, en passant par les trajectoires individuelles de dépassement de ses propres limites, l’éventail des transgressions est très large – a fortiori si l’on aborde aussi la question des transgressions impossibles ou impensables. Les intervenant-e-s sont invité-e-s à organiser leur présentation autour de cette idée, qui permet d’aborder les transformations sociales sous l’angle des limites, des marges et des ruptures.