imprimer
envoyer par mail
 
rss

Colloques

Migrations humaines et circulations des ressources

La santé en temps de mondialisation
Jeudi 24 septembre 2009 | Paris

RÉSUMÉ

Ce colloque vise à explorer les articulations entre les questions de santé et les processus ayant trait aux migrations, aux circulations et à la constitution de minorités ethniques/raciales se développant dans le contexte de la mondialisation. Deux thématiques seront plus particulièrement considérées en vue de structurer les réflexions en prenant appui sur les travaux en cours. D’une part, il s’agira de porter attention aux mouvements eux-mêmes, d’abord du point de vue des situations sanitaires marquant les parcours migratoires, puis en considérant la diversité des sens et modalités de circulation des objets, pratiques et professionnels de santé. D’autre part, seront interrogés les processus qui sous-tendent les inégalités sociales de santé et les discriminations, qu’il s’agisse d’accès aux soins ou de différences de traitement dans les parcours thérapeutiques. Ces interrogations prenant ancrage dans des contextes différenciés d’un monde travaillé à la fois par des processus de globalisation, d’une mise en exergue de la "diversité" et par une cristallisation nouvelle de sa dualité Nord-Sud – les écarts socio-économiques s’incarnant notamment dans les inégalités en santé.

ANNONCE

Colloque organisé par l’Urmis (Unité de Recherche Migrations et Société - UMR 205)

Le nombre de places étant limité, l’inscription - GRATUITE- en ligne est obligatoire

http://french.jotform.com/form/91905752215

Le colloque s’organise sous trois axes :

  • I. Parcours migratoires, origines et situations de santé
  • II. Circulation des professionnels, des savoirs et des pratiques de santé
  • III. Conceptualiser les inégalités sociales en santé au Nord et au Sud

Axe 1. Parcours migratoires, origines et situations de santé

La santé publique, comme l’opinion publique, se départissent mal d’une vision de l’immigrant importateur de ses problèmes de santé et, le cas échéant, de maladies ; soit une vision qui tantôt se conjugue à la figure de l’irresponsable (sur le registre de ses incapacités culturelles à prendre soin de soi et des siens), tantôt l’assimile à celle du profiteur des services offerts "ici" (sur le registre de ses "aptitudes" opportunistes). Ces représentations de l’Autre dépassent d’ailleurs celles de l’immigrant stricto sensu pour s’étendre souvent à ses descendants catégorisés comme autant de minorités ethnicisées et/ou racialisées. Nous souhaitons éclairer ces rapports par l’analyse des effets mêmes des conditions sociales, juridiques et économiques des hommes et femmes migrants ou enfants de migrants sur leur santé comme sur les systèmes de limitations et de ressources qui participent à déterminer leurs relations aux institutions et aux professionnels socio-sanitaires.

Dans ce cadre, le parcours migratoire est appréhendé comme un continuum amorcé dans un projet de départ, se poursuivant au fil des conditions (opportunités et contraintes) pour mettre ce projet en œuvre et s’échelonnant au-delà de l’arrivée en tant que telle pour intégrer l’ensemble du processus de (ré)apprentissage du nouveau monde social et d’aménagement d’un modus vivendi. Il s’agit dès lors de considérer les articulations entre situations de santé –entendues au sens d’états de santé mais aussi, plus largement, du point de vue des rapports matériels et identitaires, contraints ou négociés, aux problèmes et aux politiques sanitaires qui régulent le champ de l’intervention –, migrants et minoritaires comme épousant des configurations évolutives tout en rendant compte de leur inscription dans un contexte marqué par la rigidification des politiques de contrôle migratoire, l’intensification et la transformation des circulations internationales.

Axe 2. Circulation des professionnels, des savoirs et des pratiques de santé

Quelle que soit la façon de nommer le problème et quels que soient les modes d’intervention mis en œuvre à cet égard en matière de santé publique, la santé des populations (im)migrantes s’impose d’emblée lorsque l’on évoque la thématique "migrations et santé". D’autres aspects, en particulier les migrations de professionnels de santé plus ou moins qualifiés et les circulations de savoirs, de pratiques et d’objets en matière de soins, sont moins présents dans l’opinion publique en dépit de l’ampleur de tels phénomènes. Nous nous proposons ici de les appréhender dans leur pluralité, notamment dans leurs dimensions tant Nord-Sud que Sud-Nord, sans s’interdire de penser aussi les circulations entre l’Est et l’Ouest du continent européen. Dans cet axe, nous voulons interroger cette double circulation, dans ses sens propres et figurés, les enjeux qu’elle recèle et les questions tant éthiques, politiques qu’économiques qu’elle ne manque pas de poser.

Au travers d’exemples empiriques, nous voudrions cerner quelle est la nature des biens qui circulent – des savoirs faire, des compétences, de la force de travail, des objets divers (nouveaux traitements, nouveaux virus …) – et le sens qu’ils prennent entre le Nord et le Sud ? Quelles ressources sont convoitées ? Quels types de mobilités sont générés (professionnelles, sociales, individuelles, familiales…) et quels territoires sont mobilisés (internationaux, nationaux, locaux) ? Parallèlement, nous devons chercher à savoir si cette circulation des individus et des objets produit des effets sur l’organisation des systèmes de santé, sur le rapport de l’offre et de la demande, sur les conceptions de la santé et de la maladie, sur les pratiques quotidiennes de soins. La circulation offre-t-elle des perspectives de créations novatrices ou impose-t-elle des modèles normatifs ? Que faire des contraintes organisationnelles quand on œuvre pour le compte d’une ONG du Nord, d’une organisation sanitaire publique ou d’une entreprise privée qui officie au Sud ? Autrement dit, au-delà de la nature des objets et des individus qui circulent, qu’est-ce qui s’échange réellement au bout du compte ?

Axe 3. Conceptualiser les inégalités sociales en santé au Nord et au Sud

Le droit à la santé pour toutes et tous est régulièrement invoqué comme un principe universel par les organisations internationales – en premier lieu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les études consacrées à la santé ne cessent pourtant de souligner l’existence d’inégalités, tantôt massives, tantôt plus discrètes, dans l’accès aux soins entendu au sens large (à la fois en termes d’accès aux structures de santé et du point de vue des modalités de traitement). A cet égard, rappelons que la pandémie mondiale de sida n’a pas seulement réactivé les peurs anciennes de la contagion. Elle a été un puissant révélateur des fractures sociales comme de la dualité du monde globalisé, tout particulièrement en matière d’accès aux traitements entre les pays du Nord (dits développés) et les pays du Sud (dits en développement). Portée d’abord par des ONG, parmi lesquelles des organisations de malades, et relayée par diverses institutions et certains Etats, la revendication d’un accès généralisé aux traitements antirétroviraux est porteuse de questionnements plus larges aussi bien sur les présupposés et attendus des politiques sanitaires globales (préventives et curatives) que sur l’universalité de l’éthique médicale elle-même.

Cette mise en exergue de "l’écart" entre les pays du Nord et de Sud du globe est aussi l’occasion de porter attention aux façons dont les inégalités sociales en santé se présentent et sont conçues dans des contextes différenciés où les rapports au droit à la santé et les rapports de l’Etat à la santé ne se posent pas dans les mêmes termes. D’un côté, dans les pays du Nord et notamment en France, l’approche des "discriminations" en matière de santé doit à l’évidence s’extraire des seules références au droit. D’un autre côté, dans les pays du Sud, principalement ici en Afrique, les analyses en termes de "dysfonctionnements" des systèmes de santé publique ne peuvent que s’enrichir d’un questionnement plus précisément socio-politique. Les communications proposées dans cet axe seront donc l’occasion de poser au cœur du débat la conceptualisation même des inégalités sociales en santé. En portant attention à la description des inégalités en œuvre et en explicitant leurs contextes à partir d’études empiriques, il s’agira de questionner les façons d’appréhender le champ de ces inégalités, le choix des concepts pour en parler et peut-être aussi d’expliciter les sélections opérées par les chercheur-e-s dans leurs études.

Composition du Comité d’organisation :
Cognet Marguerite, Enseignante Chercheure, UFR de Sciences sociales, Paris7
Delaunay Karine, Chercheure IRD
Lainé Agnès, Chercheure associée à l’IRD
Adam Emilie, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7
Sauvegrain Priscille, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7
Braud Rosane, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7
Gabarro Céline, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7
Bascougnano Sandra, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7
Awondo Patrick, Doctorant EHESS

Composition du Comité Scientifique :
Cognet Marguerite, Enseignante Chercheure, UFR de Sciences sociales, Paris7
Cunin Elisabeth, Chargée de recherche IRD
De Rudder Véronique, Chargée de recherche CNRS
Delaunay Karine, Chercheure IRD
Eboko Fred, Chercheur IRD
Lainé Agnès, Chercheure associée à l’IRD, Centre d’études des mondes africains (CEMAf)
Médard Claire, Chargée de recherche IRD
Puig Nicolas, Chargé de recherche IRD
Quiminal Catherine, Professeure émérite Paris 7 Diderot
Streiff-Fénart Jocelyne, Directrice de recherche au CNRS, Directrice du laboratoire URMIS
Vidal Denis, Directeur de recherche IRD
Vidal Dominique, Professeur Paris 7 Diderot

 

Lieu

Paris URMIS, Université Paris Diderot, Site Javelot, 103-105 avenue de Tolbiac, Paris 13ème / Dalle des Olympiades, Bâtiment Montréal / Amphi 046

Dates

Jeudi 24 septembre 2009
Vendredi 25 septembre 2009

Site web