Rencontres

Ces journées d’études visent à explorer les liens entre création artistique, patrimonialisation et constructions ou revendications identitaires, en Afrique et dans ses diasporas. À titre d'hypothèse, nous avançons notamment l'idée que la construction d’une identité ou d’un patrimoine culturel s’accompagne toujours, en amont ou en aval, d’une production ou d’une manipulation de symboles par le biais de créations offertes à l’appréciation des autres. La circulation de ces symboles entre l’Afrique et ses diasporas, ou encore entre l’Afrique et l’Occident, contribue, pour des raisons historiques et dans un contexte de mondialisation des échanges et des représentations, à ces constructions ou manipulations identitaires.

Ce col­lo­que inter­na­tio­nal se situe à la char­nière de deux champs de recher­che par­ti­cu­liè­re­ment dyna­mi­ques en his­toire contem­po­raine : l’his­toire de la colo­ni­sa­tion – mar­quée depuis une décen­nie par les tra­vaux d’une nou­velle géné­ra­tion de cher­cheurs et des débats par­ti­cu­liè­re­ment vifs – et l’his­toire « glo­bale » ou « connec­tée » dont plu­sieurs publi­ca­tions et jour­nées d’études témoi­gnent de l’accli­ma­ta­tion récente en France.

Ce colloque vise à explorer les articulations entre les questions de santé et les processus ayant trait aux migrations, aux circulations et à la constitution de minorités ethniques/raciales se développant dans le contexte de la mondialisation. Deux thématiques seront plus particulièrement considérées en vue de structurer les réflexions en prenant appui sur les travaux en cours. D’une part, il s’agira de porter attention aux mouvements eux-mêmes, d’abord du point de vue des situations sanitaires marquant les parcours migratoires, puis en considérant la diversité des sens et modalités de circulation des objets, pratiques et professionnels de santé. D’autre part, seront interrogés les processus qui sous-tendent les inégalités sociales de santé et les discriminations, qu’il s’agisse d’accès aux soins ou de différences de traitement dans les parcours thérapeutiques. Ces interrogations prenant ancrage dans des contextes différenciés d’un monde travaillé à la fois par des processus de globalisation, d’une mise en exergue de la "diversité" et par une cristallisation nouvelle de sa dualité Nord-Sud – les écarts socio-économiques s’incarnant notamment dans les inégalités en santé.

Dans le cadre de son vingtième anniversaire, l'association AMADES, avec l'Université Toulouse 2 Le Mirail, l'IFERISS, l'IRD, l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et le site ANRS de Yaoundé, organise un colloque international et interdisciplinaire multisitué, auquel s'adjoignent les Assises de l'anthropologie de la santé. Le colloque vise à interroger les effets des mobilités sur les pratiques de santé des acteurs, sur l'évolution des médecines et systèmes de santé et sur la redéfinition des espaces et territoires de santé. Les Assises de l'anthropologie de la santé permettront de faire le point sur les nouveaux défis de l'anthropologie de la santé, en dialogue avec les autres disciplines de la santé. L'ensemble de la manifestation est ouverte aux étudiants, chercheurs, professionnels de la santé, de la migration, et au grand public.

Il s’agit cette année 2009 (comme en 2008) d’aborder les questions posées par les groupes humains qui se déplacent et de réfléchir à la fois sur le départ et sur l’arrivée, le lieu d’accueil, avec son environnement naturel et son environnement humain. On le constate avec force, que ce soit dans le passé comme au présent : les modalités d’implantation dans une contrée nouvelle, comme les modalités d’interaction avec les populations locales, sont extrêmement diverses. Pour illustrer et s’efforcer de rendre compte de cette diversité, on tentera d’en comprendre le lien avec les causes du départ, la composition des groupes qui se déplacent, les modalités du déplacement, le choix du lieu d’implantation, les moyens d’exploitation de ce nouveau territoire.

Cette journée d’hommage scientifique se propose de construire et de reconstruire une partie de l’édifice intellectuel tirée de l’abondante œuvre de Françoise Navez-Bouchanine, l’enjeu étant de valoriser, mettre en débat et prolonger les recherches initiées par notre collègue. Les interventions partent de ses travaux pour en extraire les apports et explorer leurs prolongements à travers des recherches individuelles et collectives ciblant toutes à leur façon l’enjeu central de la prise en compte du social dans la pensée urbaine et urbanistique au Sud comme au Nord. Des tables rondes seront proposées autour de quatre thèmes : pratiques habitantes ; urbanités et normes ; dimensions sociales des politiques urbaines ; savoirs sociaux, savoirs habitants et savoirs professionnels.

L’anthropologie comme d’autres champs disciplinaires attachés aux démarches empiriques qui mettent en relief les pratiques, les points de vue et les savoirs locaux, ne peut se contenter d’une analyse de ces processus qui opposerait le global au local, l’économie mondialisée à des cultures spécifiques. La circulation accélérée des biens, des savoirs et des hommes tout comme la multiplication des dispositifs de valorisation des ressources et des activités locales réactivent nécessairement la question du sens du local et en particulier celle de « l’origine » en relation avec un lieu ou un territoire. Elles nous incitent aussi à nous intéresser aux choix et décisions des acteurs locaux, ainsi qu’aux contenus attendus de leur efficacité technique et symbolique, voire politique. En perspective, ce sont donc aussi les « supports » et réseaux de leur reconnaissance (professionnelle, identitaire, économique…) qui se révèlent comme des enjeux essentiels, notamment pour les groupes amenés à construire, avec l’appui d’ONG par exemple, un processus de valorisation de leurs ressources et savoir-faire.

À l'heure où se préparent des élections historiques en Afrique du Sud, dans un contexte troublé où les événements se précipitent, de l'éviction de Thabo Mbeki à la montée en puissance de son ex-vice président Jacob Zuma, les questions de race et de pouvoir(s), loin de s'effacer, s'expriment avec une acuité toute nouvelle dans un pays encore profondément marqué par le passé et en pleine réinvention de sa modernité. Quel bilan dresser aujourd'hui ? En multipliant les perspectives et les disciplines, il s'agira tout à la fois de replonger aux racines des liens complexes entre pouvoir(s) et race et d'éclairer les réalisations, limites, ambiguïtés et tensions de la transformation sud-africaine, une transformation qui fait question aussi bien à l'étranger que dans la patrie de Nelson Mandela.